Voici les principales conclusions du Transatlantic Trends 2009 :
L’atout Obama
Pour les Européens, le Président Obama n’est de toute évidence pas George W. Bush. Le soutien accordé à l’actuel Président américain a bondi de 80 points en Allemagne, de 77 points en France, de 70 au Portugal et de 64 en Italie. Aucun autre indicateur ne s’est autant modifié sur les huit dernières années d’existence du Transatlantic Trends. Même en Turquie, où seule la moitié des personnes interrogées soutient Obama (50%), ce soutien a malgré tout bondi de 42 points par rapport au niveau d’opinion favorable (8%) du précédent président américain en 2008.
Une exception : l’Europe centrale et orientale
L’arrivée du Président Obama est par conséquent une aubaine pour les relations transatlantiques. En 2009, la part de la population qui estime que les liens transatlantiques se sont améliorés sur l’année est en Europe de 41% (avec 52% en France, 53% en Allemagne ou 47% en Espagne), et cette amélioration est également perceptible aux Etats-Unis (31% le pensent) par rapport à 2008. Mais ce sentiment positif se ressent dans une moindre mesure en Europe centrale et orientale (23% en Pologne, 24% en Roumanie et Slovaquie et 27% en Roumanie) et 11% en Turquie. De la même façon, la perception d’avoir suffisamment de valeurs communes pour coopérer à la résolution de problèmes internationaux augmente nettement dans la plupart des pays par rapport à 2008 (de 60% à 72% en France, de 54% à 76% en Allemagne, de 63% à 75% en Italie, de 52% à 65% au Royaume Uni).
La performance engendrée par la popularité d’Obama est plus prononcée en Europe occidentale qu’en Europe centrale et orientale. Les Européens de l’Ouest (86%) ont très majoritairement perçu de manière favorable les politiques que souhaite mener Obama. En Europe centrale et orientale, ce niveau d’opinion est majoritairement favorable (60%) mais demeure plus contenu qu’en Europe occidentale. En 2009, moins de personnes interrogées d’Europe centrale et orientale (53%) perçoivent les Etats-Unis d’un bon œil qu’en Europe occidentale (63%). Et paradoxalement, les pays d’Europe centrale et orientale (53%) semblent également plus perplexes sur le rôle de l’Otan, en comparaison avec leurs voisins d’Europe occidentale (63% et 50% pour la Pologne ou pour la Bulgarie). Enfin aux yeux des Français, et après un vrai débat national au début de l’année 2009 sur la réintégration du pays dans la structure militaire de l’Alliance Atlantique, l’Otan semble moins essentielle (56% au lieu de 62% en 2008).
Le dossier afghan
Mais le spectaculaire rétablissement d’image des Etats Unis ne va pas jusqu’à faire disparaître toutes les différences transatlantiques. Ainsi, dans le domaine de la sécurité, les alliés de l’OTAN divergent notamment sur la question afghane. Environs deux-tiers d’Européens (63% contre 32%) se disent sceptiques quant à une stabilisation de la situation, dans ce pays ravagé par la guerre, tandis qu’une majorité d’Américains (56%) se disent plus optimistes. La totalité des pays sondés, à l’exception des Etats-Unis, souhaite voir une baisse de l’engagement de leurs troupes, voire un retrait définitif. Plus de la moitié des Européens d’Europe occidentale (55%) et deux-tiers d’Européens de l’Europe centrale et orientale (69%) veulent retirer leurs troupes d’Afghanistan. Aux Etats-Unis, et dans une moindre mesure en Europe, la question du déploiement des troupes s’exprime en suivant une ligne partisane. Deux-cinquièmes de Démocrates (46%) et d’Indépendants (43%), mais un-cinquième (22%) de Républicains, souhaitent réduire ou retirer les forces américaines d’Afghanistan. Néanmoins, comme le demandait le Président Obama, le support pour une augmentation des contributions civiles et économiques est largement majoritaire dans la plupart des pays européens (Espagne 68%, Italie 66 %, France 59%, Allemagne 55%).
Priorité à l’économie
La gestion de la crise économique internationale doit être la priorité du Président américain et des dirigeants européens, pour 29% des Américains et 31% des Européens. Naturellement hissée au sommet de l’agenda politique, cette préoccupation est suivie par la lutte contre le terrorisme international (27%) et la réduction des tensions au Moyen Orient (12%) pour les Américains, alors que les Européens tout en plaçant la lutte contre le terrorisme international également au deuxième rang de leurs préoccupations (23%), identifient la lutte contre le changement climatique (16% contre 24% en 2008) et enfin le Moyen Orient avec 12%.
Autre enseignement, la capacité du Président Obama a gérer jusqu’à présent les politiques économiques internationales est perçue plus favorablement en Europe (74% favorable et 10% défavorable) qu’aux Etats-Unis (54% contre 40%) et la confiance qu’on lui accorde encore est tout aussi positive en Europe (72% contre 24%) que cette fois aux Etats Unis (71% contre 28%).
Refus du protectionnisme
Les Américains estiment à une forte majorité (69%) que leur gouvernement devrait avant tout se concentrer sur la résolution des problèmes économiques sur le plan intérieur. Il en va de même pour les Européens (55%). D’autre part, seuls les Américains considèrent que leur gouvernement a dépensé trop d’argent pour gérer la crise économique (55% « trop » et 12% « pas assez »), alors que les pays européens seraient sur une ligne plus interventionniste, notamment en France (« pas assez » = 40%), en Italie (60%), au Royaume Uni (34%), et en Pologne (59%). Seule l’Allemagne donne un satisfecit à la Chancelière avec 45% estimant qu’il s’agissait du juste montant. Environ 70% des Américains sont favorables au principe du « buy American » et 67% des Européens, mais seuls 54% des Français approuvent une telle attitude.
De telles mesures de préférence nationale obtiennent un réel soutien en Europe centrale et orientale puisque 79% en Pologne, 80% en Bulgarie, 81% en Roumanie et 81% en Slovaquie des sondés y sont favorables. Du coté américain, 81% des Républicains soutiennent cette mesure, contre 68% de Démocrates ou 65% d’Indépendants. 83% des Démocrates américains soutiennent davantage le principe du libre marché, contre 77% de Républicains et 77% d’Indépendants. Seul un sixième d’Américains et d’Européens soutiennent le principe d’un marché davantage fermé, c’est-à-dire, en d’autres termes, le protectionnisme.
Iran
Les Européens et les Américains ne s’entendent pas sur l’attitude à adopter en Iran. Si les efforts diplomatiques déployés pour prévenir l’acquisition par l’Iran de l’arme nucléaire venaient à échouer, une majorité de personnes au sein de l’Union Européenne (53%) opterait pour davantage de fermeté et de pressions diplomatiques, et éluderait la question de l’utilisation de la force. Les Américains (47%) soutiennent la solution de davantage de pression et fermeté diplomatiques mais n’excluent pas l’utilisation de la force.
Russie
L’attitude de Moscou à l’égard de ses voisins préoccupe toujours les pays membres de l’OTAN. En 2009, 70% d’Européens sont favorables à ce que l’Union Européenne apporte une aide sur les questions de sécurité aux jeunes démocraties telles que l’Ukraine et la Géorgie. Une majorité d’Américains (68%) soutient également Washington sur une telle ligne. Et une importante majorité d’Etats-membres de l’OTAN (62%) soutient cette aide et les Américains (66%) préféreraient qu’elle s’inscrive dans le cadre de l’OTAN.
Changement climatique
La lutte contre le changement climatique demeure une préoccupation majeure pour les Américains (40%) et, de façon plus significative, pour les Européens (48%), en particulier au Portugal (62%), en Allemagne (59%), en Italie (54%) et en Turquie (53%). Mais ce fort soutien ne va pas jusqu’à faire disparaître certaines différences d’approche : les Européens (81%) et parmi eux la France (88%), estiment à une très large majorité que la gestion des problèmes liés au changement climatique doit s’effectuer à l’échelle internationale, contre 54% du coté américain. Par ailleurs, 53% des Européens estiment que la prise en charge de la lutte contre le changement climatique incombe aux gouvernements (pas aux individus), tandis qu’une majorité d’Américains sont en désaccord sur ce point (55%). Autre enseignement, les Européens et les Américains divergent quant à l’attitude à adopter pour lutter contre le changement climatique. Les Européens (69%) et la France (79%) estiment que tous les moyens doivent être mis en œuvre pour lutter contre ce changement majeur, et cela même au prix d’un ralentissement de la croissance économique, tandis que les Américains y sont nettement moins favorables (43%).
TNS Opinion a été chargé de conduire le sondage et collecté des données en provenance des Etats-Unis et de douze pays européens : l’Allemagne, la Bulgarie, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovaquie, l’Espagne et la Turquie. Les entretiens ont été réalisées par téléphone en utilisant CATI (Computer Assisted Telephone Interviews – Entretiens téléphoniques assistés par ordinateur) dans tous les pays à l’exception de la Bulgarie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la Turquie (où une pénétration téléphonique plus faible a nécessité des entretiens face à face), et ce entre le 9 juin et 1er juillet 2009. Dans chaque pays, un échantillon aléatoire d’environ 1.000 hommes et femmes âgés de 18 ans et plus a été interrogé. La marge d’erreur est de plus ou moins 3 points de pourcentage.