Tony Blair, Dostoïevski et l’archevêque de Canterbury

Le chef de l’Eglise anglicane, Rowan Williams, connu pour son anticonformisme, a réitéré ses critiques à l’encontre de Tony Blair et de son soutien à l’intervention de George W. Bush en Irak en 2003, l’invitant à reconnaître son « absurdité » et à lire davantage Dostoïevski (source : The Guardian, 5 février 2010). 

Au cours d’une conférence consacrée au célèbre écrivain russe, dont il est un éminent spécialiste, l’archevêque de Canterbury s’était entendu poser la question de savoir si son regard sur l’ancien Premier ministre avait changé après ses travaux sur l’auteur de « Crime et châtiment ». « Il est très fort sur Dieu, très faible sur l’ironie », a-t-il répété, estimant que ce dernier n’avait peut-être « pas fait assez dans la quête de son âme. Je pense que Tony Blair est un des êtres les moins « dostoïevskiens » de Grande-Bretagne ». Car ce que Williams aime dans les personnages de l’écrivain russe, c’est précisément, dit-il, leur désir de recherche de l’âme et de partage du fardeau des autres.

Dans « Crime et châtiment », dont l’ecclésiastique recommande vivement la lecture à l’ancien Premier ministre, l’étudiant meurtrier Raskolnikov se demande comment assumer sa culpabilité. Interrogé par un magistrat instructeur (comme ceux de la commission d’enquête Chilcot sur la guerre en Irak, devant laquelle Tony Blair a reconnu sa responsabilité dans l’élimination de Saddam Hussein, mais pas sa contrition) l’étudiant dit que « s’il a une conscience, il va souffrir pour son erreur. Ce sera son châtiment , aussi bien que la prison ». Car « mentir à sa façon à soi-même, c’est presque mieux que dire la vérité à la façon des autres ».

http://www.guardian.co.uk/uk/2010/feb/05/archbishop-canterbury-blair-iraq-dostoyevsky