La stratégie européenne, expliquent les auteurs, est fondée sur l’idée anachronique que la Chine, sous l’influence de l’Europe, va libéraliser son économie et démocratiser sa politique. Cette stratégie a entraîné une série d’accords bilatéraux et de communiqués communs mais la politique chinoise a continué d’évoluer à l’encontre des valeurs européennes.
L’UE doit donc passer d’un « engagement inconditionnel » qui permet à la Chine de bénéficier des avantages de la coopération sans rien céder, ou presque, en échange, à un « engagement réciproque » qui réponde aux intérêts des deux parties. L’engagement inconditionnel, selon les deux chercheurs, n’a pas rapporté grand-chose à l’UE, que ce soit dans la satisfaction de ses intérêts immédiats ou dans la recherche de plus larges convergences politiques.
Encore faudrait-il que l’Union européenne définisse une position commune. Les auteurs distinguent quatre groupes de pays en Europe. Les deux premiers sont les « industrialistes résolus » (assertive industrialists), comme l’Allemagne, la Pologne ou la République tchèque, qui sont les seuls à vouloir tenir tête à la Chine sur le double plan économique et politique, et dont l’approche pourrait servir de modèle à l’UE ; et les « libre-échangistes idéologiques » (ideological free-traders), tels que le Danemark, la Suède, les Pays-Bas ou la Grande-Bretagne, qui sont les plus critiques sur le plan politique et les plus opposés à toute forme de restrictions commerciales. Viennent ensuite les « mercantilistes accommodants » (accommodating mercantilists), tels que l’Italie, l’Espagne ou la France au temps de Jacques Chirac, qui donnent la priorité à de bonnes relations avec la Chine au nom de considérations économiques, sans exclure des mesures protectionnistes ; et les « suivistes européens » (European followers) qui s’en remettent à l’UE pour leurs relations avec Pékin.
A noter : la France de Nicolas Sarkozy est jugée trop incertaine pour être rattachée à l’un de des quatre groupes.
Le rapport invite les Etats européens à s’entendre sur une attitude de plus grande fermeté afin de rééquilibrer les relations économiques entre l’Europe et la Chine, d’améliorer la coopération avec Pékin dans trois domaines-clés - la lutte contre le réchauffement climatique, la gestion de la question iranienne, le développement de l’Afrique - et d’obtenir des avancées dans le domaine des droits de l’homme : usage de la peine de mort, détention sans jugement, protection de la liberté religieuse, réconciliation au Tibet...