UE : autocongratulations en série

Lors du sommet de Bruxelles des 11 et 12 décembre 2008, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE ont adopté un plan de relance économique de 200 milliards d’euros proposé par la Commission européenne(1,5% du PIB de l’UE) et ont adopté le "paquet énergie-climat" qui prévoit de réduire les émissions de gaz à effet de serre en Europe. Chaque pays, comme il est de coutume en Europe, s’attribue la plus grande part du succès.

Le Conseil européen des 11 et 12 décembre 2008 à Bruxelles a fourni une nouvelle illustration d’une règle de l’Union européenne : chaque pays, chaque responsable, essaie de tirer la couverture à lui et de présenter le résultat de la réunion comme un succès personnel.

Nicolas Sarkozy n’a pas dérogé à cet exercice. A l’entendre et à lire la presse française, il avait quelques raisons d’être satisfait et de vanter la grande réussite de sa présidence. La plupart des commentateurs le considèrent même comme vainqueur par K.O. contre Angela Merkel, qui lui disputait naguère le leadership de l’Europe. Au cours des dernières semaines, et à la faveur de la faveur de la crise financière internationale, la chancelière n’aurait réussi qu’à isoler son pays en se taillant la réputation d’une « Madame non ».

La presse allemande offre une tonalité diamétralement opposée. « Madame Merkel s’est imposée », titre Die Welt. Le quotidien de centre gauche Süddeutsche Zeitung détaille aussi le « succès » de la chancelière qui a courtisé les petits pays d’Europe centrale et orientale, qui a payé pour eux et dont l’appui est recherché par tout le monde.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung adopte la même tonalité. Si le « paquet climat » préparé sous présidence allemande au premier semestre 2007 a pu être adopté, c’est grâce à Mme Merkel. Elle a sorti son carnet de chèques. Bien sûr, elle doit affronter ses partenaires qui pensent que « les Allemands ne sont, aux yeux de leurs voisins, de bons Européens que quand ils payent », alors que son devoir est de « s’en tenir à une gestion maîtrisée de la crise plutôt que d’être le chouchou de Sarkozy ». D’ailleurs, la chancelière pousse un soupir de soulagement à la fin de cette présidence française car les Allemands considèrent qu’il est « de leur devoir de veiller à cet que cet impulsif de Sarkozy ne mette pas en cause l’intérêt général de l’Union européenne ». La chancelière l’aurait dit au président de la République française.

En tous cas, conclut l’éditorialiste de la FAZ, « on peut répéter comme des perroquets que l’Allemagne s’isole quand elle ne veut pas s’endetter plus pour le bien de l’Europe. On a pu voir à Bruxelles que ça n’avait pas de sens. »