UE : bientôt 28 pays avec la Croatie

Elu le 10 janvier, le nouveau président croate, le social-démocrate Ivo Josipovic, devra gérer l’entrée de son pays dans l’Union européenne. 

La Croatie devrait devenir, en 2011 ou 2012, le vingt-huitième Etat membre de l’Union européenne. Les négociations d’adhésion sont entrées dans leur dernière phase. Fin décembre 2009, vingt-huit chapitres sur trente-cinq avaient été ouverts et dix-sept avaient été clos. Le contentieux frontalier avec la Slovénie, qui bloquait les discussions, a été en grande partie réglé. Ljubljana refuse encore l’ouverture des chapitres sur la pêche, l’environnement et la politique étrangère. Tous les obstacles ne sont pas levés, notamment dans le domaine de la justice, mais Zagreb peut légitimement espérer achever les pourparlers en 2010.

Le départ de Stipe Mesic

L’un des principaux artisans de cette politique européenne, Stipe Mesic, ne présidera pas à son couronnement. Il quitte en effet la présidence de la République, au terme de son deuxième et dernier mandat, cédant la place au social-démocrate Ivo Josipovic. Celui-ci l’a emporté, dimanche 10 janvier, avec 60,29 % des voix, sur son rival du second tour, Milan Bandic, maire de Zagreb, social-démocrate dissident.

Avec le départ de Stipe Mesic se tourne une page importante de l’histoire du pays. Même si les pouvoirs de la présidence ont été fortement réduits par une réforme constitutionnelle, le président sortant, successeur du nationaliste Franjo Tudjman, a su mettre à profit ses prérogatives dans le domaine des relations extérieures pour briser l’isolement de la Croatie et la tourner vers l’Europe. Celui qui fut le dernier président de la fédération yougoslave, pendant la guerre entre la Croatie et la Serbie, s’était éloigné de Franjo Tudjman au point de quitter leur parti commun, l’Union démocratique croate (HDZ), pour se rallier aux libéraux du Parti populaire croate (HNS). A la tête de son pays, il a largement contribué à l’amélioration de sa respectabilité internationale, facilitant sa marche vers l’Union européenne. 

Une nouvelle cohabitation

Son successeur, Ivo Josipovic, ne bénéficie ni de son aura ni de sa popularité. Cet universitaire tranquille, qui présente la singularité d’être à la fois un expert respecté en droit pénal international et un compositeur reconnu de musique contemporaine, a fait campagne pour une Croatie plus juste. Son image de « M. Propre » a assuré son succès, mais il est vrai que l’effondrement de la droite au pouvoir, minée par ses divisions, affaiblie par la crise économique et les accusations de corruption, l’a beaucoup aidée. 

Eliminé à l’issue du premier tour, le candidat de l’Union démocratique croate (HDZ), Andriaja Hebrang, n’avait donné aucune consigne de vote pour le second. L’Union démocratique croate conservera le poste de premier ministre, occupé, depuis la démission-surprise d’Ivo Sanader il y a six mois, par Jadranka Kosor, qui affirme peu à peu son autorité. En élisant M. Josipovic, les électeurs croates ont opté pour une nouvelle cohabitation entre des forces qui partagent toutes les mêmes objectifs : réussir l’entrée de la Croatie dans l’Union européenne.