Un président toujours et déjà candidat

Pour tenter de renouer le fil de la confiance avec les Français, Nicolas Sarkozy a tenu mardi à Saint Quentin dans l’Aisne, devant 4000 militants de l’UMP, un discours très politique censé rassurer, remobiliser et fédérer, sinon l’opinion comme telle, du moins le socle de son électorat. Il a donc repris le style du candidat de 2007 à moins qu’il n’ait déjà adopté celui du candidat de 2012.

L’ancien futur candidat s’est efforcé, dans un contexte de marasme économique, de répondre aux trois crises auxquelles sont confrontés les Français.

Crise sociale. Alors que se multiplient les annonces de plans de licenciement, une majorité de Français juge insuffisants les efforts déployés par le gouvernement pour préserver l’emploi et le pouvoir d’achat. Le chef de l’Etat s’est livré à une pédagogie de la relance, justifiant la politique conduite jusqu’à présent pour garantir le système bancaire, donner une impulsion nouvelle à l’économie à travers l’investissement et donner un coup de pouce à la consommation. Mais Nicolas Sarkozy a exclu pour l’heure un nouvel effort, hormis celui accompli en faveur d’un plan pour l’emploi des jeunes. Il n’a donc apporté aucune réponse à la mobilisation syndicale du 19 mars. Le chef de l’Etat veut gagner du temps. Il n’est pas certain que la grogne sociale, elle, marquera le pas.

Crise morale. Au vu du scandale des bonus indus et autre parachutes dorés, des stocks options distribuées ou des licenciements effectués dans des entreprises largement bénéficiaires, les Français trouvent que l’effort en ces temps de crise est inégalement réparti. Nicolas Sarkozy a pourfendu ces pratiques. Mais il n’a toujours pas décidé de légiférer en la matière et se cramponne toujours à un bouclier fiscal qui, ne serait-ce que de manière symbolique, choque le plus grand nombre.

Crise de confiance. La popularité du chef de l’Etat est en baisse et l’opinion peine à saisir la cohérence de son action si cohérence il y a. Nicolas Sarkozy s’est attaché à redonner un sens et une direction à sa politique. Toutefois, refusant de revenir sur des engagements de campagne afin de ne pas se déjuger, le chef de l’Etat est contraint de se contredire. Il prône à la fois le plus d’Etat et célèbre le moins d’Etat ; il célèbre « le travailler plus et le gagner plus » mais se trouve être, de par les circonstances, le président du « travailler moins et du gagner peu ». Il brandit la réforme comme un étendard, mais multiplie dans les faits les reculs tactiques pour éviter d’enflammer le corps social.

Le président candidat de 2007 s’est beaucoup autocélébré. Le président candidat de 2012 a peut-être quelque peu ragaillardi ses électeurs. Mais le président en exercice n’a ni vraiment rassuré les Français ni vraiment répondu à leurs attentes.