Bien sûr, on est toujours plus intelligent après coup. Mais on doit quand même le dire : que les rebelles libyens soient sur le point de détrôner le tyran Kadhafi est un succès pour le président français Nicolas Sarkozy, pour les Américains et pour les Britanniques.
Pour Angela Merkel, Guido Westerwelle et la politique extérieure allemande c’est une méchante gifle.
L’Allemagne s’est tenue en dehors de l’intervention militaire. Le ministre des affaires étrangères a été en première ligne pour trouver toutes sortes d’arguments soi-disant convaincants. Le plus important était que cette campagne comportait des risques. Au Conseil de sécurité, l’Allemagne s’est abstenue. De hauts diplomates allemands étaient d’avis que Berlin, par solidarité avec ses alliés occidentaux, aurait pu voter oui.
Au lieu de participer à la chute d’un tyran, le gouvernement fédéral s’est complu dans le rôle du maître d’école. Alors que les attaques des rebelles semblaient marquer le pas, le ministre de la défense Thomas de Maizière a reproché à l’OTAN d’avoir bâclé la planification de l’intervention.
Maintenant, il apparaît que la décision de nos partenaires occidentaux était la bonne et que le gouvernement allemand avait tort. Il y avait des risques mais ils étaient prévisibles : avec ses interventions aériennes, l’OTAN a sauvé la vie de nombreux civils et contribué largement à la fin de Kadhafi. En même temps, les pertes ont été très limitées du côté de la coalition, pas un seul soldat de l’OTAN n’est mort.
Une réputation entamée
La crédibilité de l’Allemagne comme combattant pour les droits de l’homme et la démocratie est entamée, comme l’est sa réputation de partenaire fiable au sein de l’alliance occidentale. Seul un nouveau gouvernement pourra rétablir la confiance et l’influence au sein des partenaires de l’OTAN.
En même temps, l’issue de ce conflit montre qui a son mot à dire en Europe. Ce n’est pas l’Allemagne mais la France. Sarkozy a manifesté par son engagement précoce et énergique un instinct sûr pour une décision juste. Il a montré la direction ; le gouvernement allemand a temporisé, hésité ; il ne voulait pas se décider.
La France, l’Angleterre, les Etats-Unis ont apporté leur contribution au changement en Libye. Satisfaits, ils pourront prendre du champ et demandaient à l’Allemagne un engagement substantiel. Le gouvernement fédéral n’échappera à l’envoi en Libye d’hommes et de matériel. Et pas qu’un peu. Au cours de la dernière visite à Washington d’Angela Merkel, Barack Obama l’a dit clairement. Des policiers allemands, des coopérants et peut-être même des soldats devront œuvrer à la démocratie et à la stabilité.
Berlin ne peut absolument dire non, sinon les dégâts pour l’image internationale de l’Allemagne seraient encore plus grands.
Pas de chance. Si on avait été présent dès le début de l’intervention, on aurait aujourd’hui une échappatoire crédible. Ainsi l’Allemagne va devoir assumer la tache la plus difficile, à savoir faire en, sorte qu’une situation normale règne en Libye. Déjà les premiers experts mettent en garde sur la reproduction d’une situation à l’irakienne au bord de la Méditerranée. Les tribus du pays sont en partie des ennemies, en tous cas des concurrentes ; de nouveaux combats menacent – et au milieu, il y aura les Allemands. Ca risque de faire mal !
Merkel et Westerwelle devront apprendre très vite un mot : solidarité.