Une majorité d’Américains inquiets du déclin de leur pays

Un sondage mené par NBC News livre un constat alarmant sur le moral des Américains. Une baisse de régime qui s’explique bien sûr par la récession mais dont les implications sont aussi politiques et sociétales (source : Wall Street Journal, 18-20 décembre 2009).

La crise financière n’a pas coûté à l’Amérique que des trillions de dollars. Elle semble avoir aussi emporté une part de l’optimisme américain, toutes classes sociales confondues. Les ouvriers, ou blue-collars, ont consenti les plus lourds sacrifices, mais les cadres, ou white-collars, ont aussi fait l’expérience, souvent pour la première fois, de la précarité, d’où un véritable traumatisme : ces deux groupes partageaient la même appréhension vis-à-vis du futur (en moyenne, seuls 46 % des sondés pensent que 2010 sera une meilleure année pour le pays que 2009 ; deux tiers ne pensent pas que leurs enfants auront une meilleure vie que la leur).

Ce malaise est à l’origine de la montée des mouvements ultraconservateurs, qui ont trouvé dans la critique de la politique économique d’Obama un point de ralliement ; il est aussi, de façon plus large, responsable de la baisse de la cote de confiance du Président (elle est tombée en-dessous des 50 % dernièrement). Plus surprenant encore, il a érodé la confiance des Américains en la capacité de leur pays à assurer le leadership du monde, puisque seulement 37 % des interrogés pensent que les Etats-Unis seront encore la nation dominante d’ici 20 ans.

Enfin, parce qu’il ne semble pas être qu’une tendance de court terme, qui disparaîtra avec la reprise de la croissance. Ce pessimisme s’est étendu jusqu’à l’image que la nation se fait d’elle-même, et surtout jusqu’à ses dirigeants. Obama, pendant sa campagne, affirmait qu’il ne voyait pas « pourquoi le XXIème siècle ne serait pas un autre siècle américain » ; depuis, ce triomphalisme a été revu à la baisse, au profit d’un possible « siècle sino-américain ». On est bien loin d’un Reagan qui affirmait, il y a 20 ans : j‘« ai gagné la guerre froide ».