Une proposition pour sortir de l’impasse en Macédoine

Il y a quelques semaines, l’ESI, European Stability Initiative a fait une proposition simple pour sortir d’une des plus importantes impasses nuisibles à la stabilisation des Balkans occidentaux et pour résoudre la dispute entre la Grèce et sa voisine du nord, la République de Macédoine, sur le nom officiel de cet Etat. Nous publions ci-dessous la proposition de l’ESI (traduction Boulevard-Exterieur) www.esiweb.org

L’idée de base est simple. Bien que les officiels à travers l’Europe, et même à Skopje, croient que le gouvernement grec actuel de George Papandreou aimerait trouver une solution à la dispute sur le nom – et bien qu’un effort intense de discussions bilatérales soit en cours en ce moment – hors de Grèce, la confiance générale dans l’establishment politique grec reste limitée.

La plupart des hommes politiques à Athènes réalisent qu’ils ont un intérêt vital dans la stabilité de la Macédoine. Athènes est aussi en faveur de l’élargissement de l’Union européenne aux Balkans. Elle ne veut pas être utilisée par ceux qui dans l’UE ont intérêt à arrêter l’élargissement. Et cependant le gouvernement grec est sous une sérieuse pression à l’intérieur pour obtenir un compromis sur le nom et il s’est donné pour objectif de chercher à changer le nom constitutionnel de sa voisine.

 Alors que la plupart des Européens trouvent que la position grecque est difficile à comprendre, sinon irrationnelle, les espoirs de Skopje que l’UE fera pression sur Athènes pour la faire changer d’avis sont irréalistes. En réalité, pour ceux qui dans les capitales européennes préfèrent un ralentissement du processus d’élargissement, le fait que la candidature de la Macédoine, en tête de liste dans les Balkans occidentaux, soit bloquée est même bienvenu.

 Les dirigeants à Skopje réalisent que rejoindre l’UE exigera un compromis sur le nom. Il est clair que tout changement constitutionnel aura besoin d’un large soutien à Skopje. Il y aura presque certainement un referendum en Macédoine. Même ceux qui pourraient être vraiment prêts à faire des concessions sur le nom du pays ne le feront qu’à la condition que cela assure réellement l’accession de leur pays à l’UE. Changer le nom contre la simple promesse d’ouverture de négociations dont l’issue est incertaine ne sera probablement pas accepté.

D’un autre côté, la Grèce n’ouvrira la route vers l’accession à l’UE que si la Macédoine change sa constitution. Et cependant aucun gouvernement grec ne peut garantir à Skopje qu’une concession faite aujourd’hui – pour déverrouiller la porte des discussions d’accession à l’UE – ne tiendra réellement lorsqu’un autre gouvernement grec sera au pouvoir dans quelques années.

 Donnant-donnant

Comment résoudre la quadrature de ce cercle ? Par un amendement constitutionnel à Skopje qui changerait le nom du pays aujourd’hui, permettant à Athènes de soutenir l’ouverture de discussions sur l’accession plus tard cette année, mais qui prévoirait aussi que le changement ne serait en vigueur que le jour où la Macédoine entrerait vraiment dans l’Union Européenne.

 Le changement constitutionnel pourrait être simple, un seul paragraphe qui dirait quelque chose de ce genre :

« Toutes les références à la République de Macédoine dans cette constitution seront remplacées par une référence à XX (un nom de compromis) le jour où ce pays rejoindra l’Union Européenne. »

 Si pour quelque raison Skopje ne rejoint jamais l’UE, elle n’aura jamais à changer son nom. Si un futur gouvernement grec (ou un autre voisin balkanique) trouve de nouvelles raisons pour bloquer l’accession de la Macédoine (il n’y a pas moins de 70 points où l’unanimité de l’UE est requise avant qu’un candidat ne rejoigne réellement le club), le nom n’aura pas été changé prématurément.

 En même temps, la révision constitutionnelle garantira qu’une fois que la Macédoine sera membre, le changement de nom sera effectif immédiatement et automatiquement. Cela peut aussi être écrit dans le traité d’accession de la Macédoine.

 Cette solution permettrait aux deux pays et à leurs dirigeants de clamer victoire aujourd’hui. Le gouvernement de Skopje verra dans la Grèce un authentique allié (fondé sur l’intérêt mutuel) pour faciliter à temps son accession. Athènes peut arguer qu’il ne s’agit que de l’ouverture du chemin vers l’accession en échange d’un changement constitutionnel authentique et durable : une chose qu’aucun gouvernement grec n’avait jusque alors accomplie. Ce qui rendrait cette affaire encore plus attrayante – et donnerait à un referendum sur l’amendement constitutionnel à Skopje encore plus de chance de succès – ce serait une promesse faite parallèlement par les Grecs de permettre à la Macédoine de rejoindre l’OTAN sous le nom de ARYM (le nom sous lequel la Macédoine fait partie de l’ONU) une fois effectué le changement constitutionnel.

 C’est encore un compromis difficile pour les deux pays. Si cependant il était adopté, il mettrait fin à une impasse majeure et enverrait un signal extrêmement positif dans tous les Balkans. La Grèce participerait à la solution, dans la région, et ne serait plus une source de problèmes. La Macédoine pourrait redevenir un pionnier et un leader aidant le reste de la région, comme elle l’a fait dans le processus de libéralisation des visas, et être la première à commencer des discussions de pleine accession avant même que la Croatie ne rejoigne l’Union Européenne.