Une relance trop frileuse

Alors que les députés vont se saisir, mercredi, du plan de relance de 26 milliards d’euros édifié par le gouvernement, ce plan paraît déjà largement dépassé ! La plupart des économistes le jugent trop frileux et estiment qu’il n’est pas à la mesure de la gravité de la crise économique que traverse le pays à l’instar des autres économies occidentales. 

Les élus de l’opposition reprochent au plan de relance l’absence d’une dimension sociale et l’oubli des populations les plus vulnérables. Les représentants de la majorité doutent de son efficacité et déjà certains ministres laissent entendre qu’un second plan de relance autrement ambitieux pourrait bien être nécessaire dans le courant du premier trimestre 2009.

A première vue, l’effort de l’Etat est conséquent. Le gouvernement propose de mobiliser quelque 26 milliards d’euros pour relancer une économie menacée par la récession. Le montant de la mesure paraît considérable. Il s’agit bien de substituer un accroissement de la dépense publique à la contraction de la dépense privée. A y regarder de plus près, cependant, il s’agit d’un habillage partiel. 11,6 milliards d’euros correspondent à une restitution de trésorerie aux entreprises par le Trésor Public. Il s’agit donc d’un remboursement par l’Etat de sommes qui, en toute hypothèse, étaient dues aux entreprises. L’investissement de l’Etat proprement dit est de 10,5 milliards d’euros en argent frais dont les deux tiers seront accordés en 2009, une partie de ces sommes n’étant que l’attribution anticipée de crédits déjà programmés pour 2010. Deux milliards sont consacrés à l’automobile et au logement, 1,2 milliards à l’emploi et 760 millions à la prime de solidarité.

La plupart des experts ont salué la philosophie de ce plan fondé, pour l’essentiel, sur un soutien de l’offre, les plans privilégiant la demande ayant démontré par le passé leur inefficacité. Quelques-uns estiment toutefois qu’il eût fallu parallèlement davantage encourager la consommation dans le court terme. Mais tous sont unanimes : ce plan ne sera au mieux qu’une médication provisoire et l’année 2009, avec son cortège de licenciements et de plans sociaux, appellera un deuxième plan de relance !

C’est donc un débat paradoxal que vont avoir demain les députés à l’Assemblée nationale. Ils vont discuter d’un plan de relance dont tous savent pertinemment qu’il n’est pas à la mesure de la gravité de la crise. La gauche aura beau jeu de dénoncer « l’erreur économique » d’un gouvernement qui s’est privé de marge de manœuvre avec les baisses d’impôts du paquet fiscal en 2007 (13,5 milliards d’euros) et qui est contraint aujourd’hui, faute de moyens, de calibrer au plus juste et trop frileusement un surplus de dépenses publiques. Les élus de l’UMP et du Nouveau Centre défendront mollement un plan dont ils n’ignorent pas l’insuffisance. Un débat pour rien ou presque rien puisque tout donne à penser qu’il faudra sans doute dans quelques semaines remettre l’ouvrage sur le métier !