Sans que beaucoup de monde s’en aperçoive, les dernières années ont vu une sorte de surge, d’intensification de l’effort militaire en Afghanistan (l’expression a été utilisée pour désigner la politique américaine en Irak à partir de 2007). Depuis la fin de 2006, 18 pays de l’Union européenne participant à l’ISAF (Force internationale d’assistance à la sécurité), la mission de l’OTAN dans ce pays, ont augmenté leurs contingents. Les Etats membres de l’UE fournissent maintenant 43% des forces totales de l’ISAF. Cet accroissement de la présence militaire s’est accompagné d’une augmentation constante des efforts européens pour contribuer à la reconstruction de l’Afghanistan, depuis l’aide au développement jusqu’à la formation de la police, bien que tous les membres de l’UE ne s’engagent pas au même degré de leurs possibilités.
Ces mesures ont fait que l’UE est un acteur essentiel en Afghanistan. Cependant l’impact réel des Européens dans le pays est limité. Confrontés aux demandes probables de l’administration Obama de faire plus, les Européens devraient maintenant formuler une stratégie politique réaliste en complément du surge américain qui s’annonce.
L’objectif général de cette stratégie devrait être de commencer par une approche systématique des groupes d’insurgés en Afghanistan. Pour préparer le terrain, l’élection présidentielle qui doit avoir lieu en août doit être à l’abri à la fois des attaques des rebelles et de la fraude. Après le scrutin, les gouvernements de l’UE devraient soutenir un double processus de réconciliation et de changements constitutionnels.
Mais les gouvernements européens ne peuvent pas se contenter d’un rôle simplement civil. Ils devraient continuer à augmenter leurs efforts de formation de l’armée et de la police afghanes et aider les troupes américaines et les forces locales à renforcer le caractère « humanitaire » des opérations militaires. Ceci devrait s’appuyer sur des engagements en faveur d’une aide substantielle et à long terme, la création à Kaboul d’une équipe européenne de reconstruction des provinces, une approche fondée sur le développement pour lutter contre le trafic de drogue et une révision de la stratégie par rapport au Pakistan. Cette nouvelle politique de l’UE suppose une coordination renforcée entre la représentation de la Commission à Kaboul et les éléments de la politique extérieure et de sécurité commune (PESC) dépendant du Conseil européen.