Dmitri Medvedev, le jeune juriste, vierge de tout lien avec le KGB dans lequel l’Ouest fondait quelques espoirs, s’avère être le simple fondé de pouvoir de l’ancien président. Poutine est toujours à la manœuvre. On l’a même vu à la télévision russe donner des « conseils » au président pour que le procureur général russe inculpe les dirigeants géorgiens pour « génocide ».
La guerre en Géorgie aura eu deux conséquences négatives pour le nouveau président, à l’intérieur et à l’extérieur de la Russie.
A l’intérieur, ses velléités d’émancipation par rapport à son mentor ont été tuées dans l’œuf. Il avait commencé à écarter de l’administration présidentielle quelques affidés de Poutine. Les commentateurs russes les plus optimistes y voyaient le signe que M. Medvedev prenait ses pouvoirs au sérieux et étaient prêts à les assumer. Il pouvait petit à petit grignoter suffisamment de terrain pour mettre en œuvre quelques unes de ses déclarations. Par exemple celle sur la liberté qui « vaut mieux que la non-liberté » ou sur la séparation de l’Etat et de l’économie.
A l’extérieur, sa volonté d’apparaître comme un dirigeant plus ouvert sur l’Occident que son prédécesseur a été réduite à néant par son implication dans la guerre. Ce n’est même pas la peine de se demander s’il était d’accord ou non avec la manière brutale dont le conflit a été mené. La question ne s’est pas posée à lui. Son aura de « libéral » en a pris un coup auprès de ses pairs occidentaux qu’il venait juste de rencontrer au Japon à l’occasion du G8. Il a été l’interlocuteur officiel de Nicolas Sarkozy dans la négociation du cessez-le-feu mais le décideur était Poutine, dans les coulisses d’abord, ouvertement ensuite.
A l’intérieur comme à l’étranger, il faudra du temps à M. Medvedev pour regagner le terrain perdu, si tant est qu’il s’en remette jamais. Il n’y a pas de dyarchie au sommet du pouvoir à Moscou.