Que faire pour stopper les crimes dans l’Est du Congo ? Depuis dix ans, cette zone est le théâtre d’un conflit qui a fait des centaines de milliers de victimes civiles (sans doute la guerre la plus meurtrière depuis 1945). A la mi-2003, déjà en RDC, l’Union européenne avait su se mobiliser pour protéger les civils dans la région de l’Ituri. L’opération Artémis, sous mandat du Conseil de sécurité, avait permis de mettre fin à des tueries. Même si la France avait assumé la principale part (80%), 18 pays européens avaient contribué en envoyant des troupes. Plus de 2000 hommes avaient été déployés efficacement. Le savoir-faire existe donc en Europe pour projeter rapidement des troupes capables de stopper les seigneurs de guerre et les soldats de l’armée régulière de tuer,mutiler et violer, hommes, femmes, enfants. Le contexte est sans doute différent aujourd’hui mais la nécessité de protéger les civils et la possibilité de les protéger par ce type de force déployée à titre exceptionnel et transitoire est la même.
Les violences dans l’est du Congo ne sont pas seules à plonger le Congo dans la crise. Les exactions du gouvernement de Joseph Kabila contre ses opposants politiques attirent moins d’attention mais elles sont réelles. A la suite des élections de 2006, qui ont été largement financées par des bailleurs de fonds internationaux, les gouvernements étrangers se sont employés à gagner les faveurs du nouveau gouvernement de Kabila et ont gardé le silence sur les atteintes aux droits humains et sur l’autorité de plus en plus répressive du gouvernement. Les rapports des Nations Unies décrivant l’implication du gouvernement dans des crimes à motifs politiques ont été délibérément enterrés ou publiés trop tardivement pour avoir un impact significatif sur les événements.
Au moins 500 opposants présumés du gouvernement ont été tués délibérément ou exécutés sommairement depuis deux ans. Dans certains des épisodes les plus violents, des agents de l’Etat ont tenté de dissimuler les crimes en jetant des corps dans le fleuve Congo ou en les enterrant en secret dans des fosses communes. Des fonctionnaires ont bloqué les tentatives d’enquêtes de la part des membres de l’ONU chargés des droits humains, de défenseurs congolais et internationaux des droits humains, et de membres de la famille des victimes.