Malgré la défaite qu’il a subie sur le terrain en perdant les deux « capitales » de son prétendu califat, Mossoul en Irak et Rakka en Syrie, l’Etat islamique n’a pas disparu de l’horizon. Certes ceux qui sèment désormais la terreur en Europe en se réclamant de son idéologie criminelle sont plus souvent des individus isolés et radicalisés que des commandos organisés. Mais ces combattants sans armée pour les soutenir ni donneurs d’ordre identifiés ne sont pas moins dangereux que les groupes venus du Levant. Le triste bilan des attentats qui ont précédé l’attaque meurtrière de Trèbes, près de Carcassonne, en témoignent aussi tristement qu’éloquemment. Ils ont laissé derrière eux des dizaines de morts et des centaines de blessés.
Les périodes d’accalmie sont brèves. De Paris à Londres, de Bruxelles à Barcelone, de Nice à Manchester, les assassins tuent au hasard avant d’être tués eux-mêmes. Ils frappent là où on ne les attend pas. Nul ne peut s’estimer à l’abri de leurs actions sanglantes. Les djihadistes sont en guerre contre les infidèles, notamment en Europe. « La menace terroriste demeure élevée », a reconnu Emmanuel Macron. Beaucoup d’attentats sont évités grâce à la vigilance des services de police et de renseignement mais la longue liste des agressions qui atteignent leur but montre que la bataille est loin d’être gagnée. Les forces de l’ordre, en particulier, paient un lourd tribut, comme le montre encore la mort du lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame.
Les Etats sont impuissants à déjouer tous ces attentats, qu’ils émanent de loups solitaires ou d’équipes plus ou moins téléguidées. On sait que le risque zéro n’existe pas dans ce domaine. Tout n’en doit pas moins être tenté pour répondre à la menace. Cela suppose d’abord de continuer le combat là où celle-ci prend naissance, c’est-à-dire au Moyen-Orient. S’il est vrai que les revers de l’Etat islamique dans cette région du monde n’ont pas mis fin aux attaques sur le sol européen, ils ont contribué à l’affaiblir. Il ne faut surtout pas lui permettre de regagner le terrain perdu en considérant imprudemment la victoire comme acquise. Pour le reste, en Europe même les forces de sécurité doivent évidemment redoubler d’efforts pour intensifier la lutte contre les terroristes.
Emmanuel Macron a fait part de sa « détermination absolue » après l’attentat de Trèbes. Il importe que les actes suivent. Ceux-ci relèvent en premier lieu de la politique de sécurité, qui appelle notamment une meilleure coordination entre tous les services et une mobilisation accrue de toutes les institutions concernées, à l’échelon national comme à l’échelon européen. L’autre volet est l’indispensable bataille contre la radicalisation dans les prisons, dans les mosquées ou sur Internet. Tous les gouvernements sont conscients de l’ampleur de la tâche. Ils savent aussi qu’il se trouvera toujours des tueurs pour échapper aux mailles du filet. Il faut apprendre à vivre avec le terrorisme.