Belgique : l’enjeu européen de l’indépendance flamande

Une éventuelle indépendance de la Flandre devra faire l’objet d’une négociation européenne, selon José-Alain Fralon, ancien journaliste au "Monde" et auteur de La Belgique est morte, vive la Belgique (Fayard).

 

Le succès des indépendantistes flamands aux élections législatives belges restera inscrit dans l’histoire pour avoir introduit un nouveau concept dans l’histoire des relations internationales : celui de « l’évaporation » d’un pays. Si l’on en croit, en effet, la version soft des discours de Bart de Wewer, le chef de la nouvelle alliance flamande, tel est le sort promis à la Belgique, comparée ainsi à une sorte de mer d’Aral.

Derrière cette belle image d’un pays se dissolvant de lui-même dans un éther ouaté, se cache en fait le véritable défi posé aux séparatistes flamands : comment la Flandre peut-elle accéder à son indépendance sans se mettre l’Europe à dos ? Si on oublie les litotes poético-climatiques de M. de Wewer, son but ultime et avoué reste bien évidemment l’indépendance. Sous bénéfice d’inventaire, celle-ci est à portée de main.

Il faut savoir d’abord que le statut de Bruxelles, qui constituait, pour les Flamands, le principal obstacle à leur indépendance est en train d’être réglé. Jusqu’à ces dernières années, en effet, les Flamands ne pouvaient se résigner à abandonner une ville qu’il considérait comme leur capitale même si elle est aujourd’hui peuplée de plus de 80% de francophones.

De plus en plus de Flamands, et notamment les jeunes, n’ont plus cet attachement à Bruxelles. Beaucoup d’entre eux, aussi, se détachent d’une ville qu’ils estiment de moins en moins sûre, difficilement gérable et peuplées de beaucoup trop d’immigrés.

Certes, il n’y a jamais de divorce facile et d’autres difficultés demeurent, comme le partage de la dette du pays. Mais elles ne pèseront pas lourd face à une volonté de plus en plus forte des Flamands de prendre leur envol.

Reste donc un seul vrai problème, et Bart de Wewer le sait bien : quelle que soit la manière dont elle prendra son indépendance, la République flamande devra demander, sous une forme ou sous une autre, son adhésion à l’Union européenne. Et la Belgique « résiduelle », Wallonie et Bruxelles, elle, membre de plein droit de l’Union, aura son mot à dire sur cette adhésion de ses anciens compatriotes.

La vraie négociation sera là. Espérons que les pays européens auront enfin compris la leçon des dernières élections et commenceront à se pencher sérieusement sur le dossier belge.