Le succès des indépendantistes flamands aux élections législatives belges restera inscrit dans l’histoire pour avoir introduit un nouveau concept dans l’histoire des relations internationales : celui de « l’évaporation » d’un pays. Si l’on en croit, en effet, la version soft des discours de Bart de Wewer, le chef de la nouvelle alliance flamande, tel est le sort promis à la Belgique, comparée ainsi à une sorte de mer d’Aral.
Derrière cette belle image d’un pays se dissolvant de lui-même dans un éther ouaté, se cache en fait le véritable défi posé aux séparatistes flamands : comment la Flandre peut-elle accéder à son indépendance sans se mettre l’Europe à dos ? Si on oublie les litotes poético-climatiques de M. de Wewer, son but ultime et avoué reste bien évidemment l’indépendance. Sous bénéfice d’inventaire, celle-ci est à portée de main.
Il faut savoir d’abord que le statut de Bruxelles, qui constituait, pour les Flamands, le principal obstacle à leur indépendance est en train d’être réglé. Jusqu’à ces dernières années, en effet, les Flamands ne pouvaient se résigner à abandonner une ville qu’il considérait comme leur capitale même si elle est aujourd’hui peuplée de plus de 80% de francophones.
De plus en plus de Flamands, et notamment les jeunes, n’ont plus cet attachement à Bruxelles. Beaucoup d’entre eux, aussi, se détachent d’une ville qu’ils estiment de moins en moins sûre, difficilement gérable et peuplées de beaucoup trop d’immigrés.
Certes, il n’y a jamais de divorce facile et d’autres difficultés demeurent, comme le partage de la dette du pays. Mais elles ne pèseront pas lourd face à une volonté de plus en plus forte des Flamands de prendre leur envol.
Reste donc un seul vrai problème, et Bart de Wewer le sait bien : quelle que soit la manière dont elle prendra son indépendance, la République flamande devra demander, sous une forme ou sous une autre, son adhésion à l’Union européenne. Et la Belgique « résiduelle », Wallonie et Bruxelles, elle, membre de plein droit de l’Union, aura son mot à dire sur cette adhésion de ses anciens compatriotes.
La vraie négociation sera là. Espérons que les pays européens auront enfin compris la leçon des dernières élections et commenceront à se pencher sérieusement sur le dossier belge.