L’Océan Indien au cœur des enjeux

L’Océan Indien, au carrefour de l’Afrique et de l’Asie, se trouve de plus en plus au centre des enjeux internationaux. La richesse de ses ressources, qui vont de la pêche aux terres rares, en passant par les hydrocarbures, le place au coeur de convoitises. L’importance de ses routes maritimes en fait un espace-clé de la mondialisation. Les grandes puissances sont toutes présentes dans la zone et s’efforcent d’y étendre leur influence.

Les enjeux dans l’Océan indien
Damien Gautreau

Longtemps zone d’affrontement entre puissances coloniales, l’Océan Indien est encore aujourd’hui au cœur des convoitises. Plusieurs raisons expliquent l’appétit des grandes puissances qui se positionnent toutes sur la zone.

Des ressources importantes

L’Océan Indien regorge de ressources. Tout d’abord, de ressources halieutiques, lesquelles prennent toute leur importance sur une planète où il y a plus de 7 milliards de bouches à nourrir. Les eaux sont encore très poissonneuses, en particulier dans la partie ouest. Cependant, la surpêche – notamment le fait des navires chinois – risque fort de réduire les stocks dans les années à venir. Les hydrocarbures sont aussi très présents dans la zone. Des gisements sont exploités au large du Mozambique et d’autres sont avérés dans les eaux malgaches et comoriennes. Sans compter les exploitations au Sud de l’Afrique australe et les nombreux gisements du Golfe Arabo-persique.

Les nouvelles ressources ne sont pas en reste. L’Océan Indien abrite plusieurs gisements de terres rares, indispensables pour la conception de nouvelles technologies comme les écrans tactiles par exemple. Ajoutons qu’on trouve aussi à Madagascar du cobalt, nécessaire à la conception des batteries de véhicules électriques, marché en plein essor.

Un espace clef de la mondialisation

L’océan Indien est aussi devenu incontournable pour la mondialisation et voit transiter les ¾ des navires de commerce. Il est cerné par des passages stratégiques le reliant à d’autres étendues maritimes, comme les détroits de Malacca, Bab el Mandeb et Ormuz ainsi que le Cap de Bonne Espérance. Ajoutons à cela le canal du Mozambique, passage obligé pour les navires empruntant la route circumafricaine. En conséquence, les grandes puissances n’ont eu de cesse d’accroître leur présence, en particulier militaire, dans la zone.

La France est présente à la Réunion et à Mayotte – qu’elle occupe contre l’avis de l’ONU – ainsi qu’aux Émirats Arabes Unis et surtout à Djibouti. Cette ancienne colonie française s’est même spécialisée dans le domaine et abrite aussi des bases américaine et chinoise. Les troupes, américaines sont également présentes à Singapour, Diego Garcia et Oman ainsi que dans le Golfe Arabo-persique. Sans compter les flottes américaines, en particulier la 5ème flotte qui stationne en permanence autour de la péninsule arabique. L’Inde, désormais 3ème budget militaire mondial a des bases sur son littoral ainsi qu’à l’île Maurice.

Chaque puissance cherche à renforcer ses positions afin de contrôler les routes maritimes et les passages stratégiques, de protéger les ressources et de conforter sa place dans le « concert des nations ».