L’extrême-droite progresse

Dans plusieurs pays de l’Union européenne se développent, en marge de la droite classique, des forces politiques radicales qui, comme le Front national en France, combattent les institutions de Bruxelles, se révoltent contre le pouvoir des élites et s’inquiètent de la menace de l’immigration. 

Si le premier tour de l’élection présidentielle a révélé en France une forte poussée de l’extrême-droite, celle-ci est également perceptible, à des degrés divers, dans plusieurs pays de l’Union européenne. Les partis d’extrême-droite, qui dénoncent le pouvoir des élites, la toute-puissance de Bruxelles et les menaces de l’immigration, ont notamment des représentants au Parlement européen, où leurs élus se répartissent entre les trente-quatre membres du groupe Europe libertés démocratie et les trente non-inscrits. Plusieurs de ces partis appartiennent à l’Alliance européenne des mouvements nationaux, présidée par l’eurodéputé français du Front national Bruno Gollnisch. C’est en France, aux Pays-Bas et en Hongrie qu’ils obtiennent leurs meilleurs résultats. Petit tour d’horizon des populismes européens.

Allemagne. – C’est une des exceptions en Europe : l’extrême-droite y est faible. Le Parti national-démocrate (NPD), qui est son principal représentant, atteint des résultats modestes aux élections nationales. Toutefois, il a obtenu quelques succès aux élections locales, entrant dans plusieurs Parlements régionaux, notamment en Saxe (avec 9 % des voix en 2004, 5,2 % en 2009) et en Mecklembourg-Poméranie occidentale (7, 3% en 2006, 6 % en 2011).

Autriche.- Les succès du FPÖ (Parti autrichien de la liberté) en 1999 lui avaient permis d’entrer au gouvernement. Le FPÖ s’est ensuite divisé : son principal dirigeant, Jorg Haider, l’a quitté en 2005 pour fonder le BZÖ (Alliance pour l’avenir de l’Autriche). Aux élections générales de 2008, le FPÖ, sous la conduite de Heinz-Christian Strache, n’en a pas moins rassemblé 18 % des voix, tandis que le BZÖ en obtenait 11 %, juste avant a mort de Jorg Haider.

Belgique.- Du côté francophone, le Front national, qui avait réuni 3,57 des suffrages aux élections européennes de 2009, a perdu en 2010 ses deux élus à la Chambre et au Sénat avant de disparaître en 2012. En revanche, du côté flamand, le Vlaams Belang reste présent dans le paysage politique : il a recueilli 15,88 % des voix aux élections européennes de 2009 et plus de 7,5 % voix aux élections générales de 2010. Une partie de l’électorat d’extrême-droite se reconnaît également dans la Nouvelle Alliance flamande (N-VA), favorable à l’indépendance de la Flandre, qui a obtenu 9,9 % aux élections européennes avant de doubler son score aux élections générales (17,4 % à la Chambre, 19,6 % au Sénat). 

Danemark.- Le parti du peuple danois (Dansk Folkeparti, DF) est devenu la troisième force politique du royaume, avec 15,3 % des voix aux élections européennes de 2009 et 12,3 % aux élections générales de 2011.

Finlande.- Le parti des Vrais Finlandais, qui avait obtenu 9,8 % des suffrages aux élections européennes de 2009, en a rassemblé 19 % aux élections législatives de 2011, devenant la troisième force politique du pays. A l’élection présidentielle de 2012, son candidat n’est arrivé qu’en quatrième position, avec 9 % des voix.

Hongrie. Le Jobbik (Mouvement pour une meilleure Hongrie), de Gabor Vona, est désormais la troisième force politique. Il a obtenu 14,7 % des suffrages aux élections européennes de 2009 et 16,6 % aux élections législatives de 2010. Ses idées influencent l’actuel premier ministre conservateur, Viktor Orban.

Italie.- L’ancien parti néo-fasciste, le Mouvement social italien, rompt en 1995 avec l’extrême-droite pour se transformer en Alliance nationale puis pour se fondre dans le Peuple de la liberté de Silvio Berlusconi. Son aile dure, qui refuse cette évolution, fonde le Mouvement social-Flamme tricolore, qui obtient, associé avec La Droite, 2,4 % des voix aux élections générales de 2008 mais qui n’en recueille que 0,79 % aux élections européennes de 2009. Proche de l’extrême-droite, la Ligue du Nord, ancienne alliée de Silvio Berlusconi, a rassemblé 8,5 % des suffrages aux législatives de 2008 et 10,2 % aux européennes de 2009.

Pays-Bas.- Le Parti pour la liberté, de Geert Wilders, qui soutenait le gouvernement libéral de Mark Rutte sans y participer, vient de provoquer sa chute en refusant de s’associer à son plan d’austérité. Il a obtenu 16,9 % des suffrages aux européennes de 2009 et 15,5 % aux législatives de 2010, devenant le troisième parti du pays.

Pologne.- Les deux partis d’extrême droite associés naguère au pouvoir par les frères Kaczynski, La Ligue des familles et le mouvement Autodéfense, ont pratiquement disparu du paysage.

Royaume-Uni.- C’est avec l’Allemagne l’autre exception parmi les grands pays. Le BNP (British National Party), de Nick Griffin, a réuni 6,2 % des voix aux européennes de 2009 et 1,9 % des voix aux législatives de 2010. Toutefois des voix d’extrême-droite se portent aussi sur l’UKIP (United Kingdom Independance Party), fortement anti-européen, qui a obtenu 16,5 % des suffrages aux élections européennes de 2009 mais seulement 3,1 % aux élections générales de 2010.

Suède.- Les Démocrates suédois ont recueilli 3,3 % des suffrages aux européennes de 2009 et 5,7 % aux élections législatives de 2010.